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Mardi 28 Septembre 2004, a eu lieu à l’Université d’Angers
une journée d’étude sur le thème suivant :
« Intelligence économique : quels outils face aux nouveaux
défis internationaux ? ».
Corinne Feurprier a assisté aux interventions de la matinée
et partage son compte-rendu avec nous.
Monsieur Alain JUILLET, Haut Responsable en charge de l’Intelligence économique auprès du Premier Ministre, a parlé d’ « une révolution intellectuelle » à laquelle on assiste actuellement. Il a défini l’Intelligence économique comme un « moyen offert à ceux qui veulent gagner en se donnant un avantage concurrentiel réel ». Il s’agit selon lui d’une maîtrise et d’une protection de l’information stratégique et pertinente pour les dirigeants économiques. Il a insisté sur le fait que des méthodes et des formations sont nécessaires pour permettre aux professionnels chargés de l’Intelligence économique d’améliorer leur méthodologie tout au long de leur carrière. D’après Alain JUILLET, l’entreprise doit s’organiser différemment avec le partage des renseignements, un travail en réseau et le recoupage des informations pour détecter les signaux faibles tout en se méfiant de la fausse information. Les menaces pour l’entreprise résident selon lui dans la concurrence devenue mondiale et dans les entreprises dirigées par des organisations criminelles ou encore dans celles qui ne suivent pas l’éthique. C’est pour cela que l’Etat met en place une politique publique en faveur de l’Intelligence économique dans les PME et PMI. Ces entreprises seront encouragées à investir dans les NTIC avec la mise à disposition d’outils performants donnant des garanties et la mise en place de protections légales. L’idée est que la réussite des entreprises françaises préserve l’emploi en France grâce à l’amélioration de leur compétitivité au niveau international suite à l’introduction d’une démarche d’Intelligence économique.
Discussion sur « Un nouveau monde ? »
Monsieur Michel AGLIETTA, Professeur en Sciences Economiques à l’Université Paris X et conseiller scientifique du CEPII, a présenté l’Intelligence économique appliquée au domaine de la finance. Il s’agit selon lui d’évaluer dans un premier temps les entreprises financières et leurs risques, avec l’analyse de la valeur et l’analyse du risque. Il faut ensuite contrôler les performances de ces entreprises, en analysant la rentabilité par les fonds propres et la solvabilité par la dette. Enfin, il importe d’offrir une gamme diversifiée de services financiers.
Monsieur Guy MASSE, Maître de conférence
en Sciences Economiques à l’Université de Poitiers,
a expliqué pourquoi l’Intelligence économique est
selon lui indispensable pour une entreprise : d’abord parce que
les données sont faussement sécurisantes ; ensuite parce
que l’information est interrogative. Selon lui, s’informer
revient à censurer. L’information ne vaut que par l’utilisation
que l’on en fait. Guy MASSE définit la chaîne qui permet
de passer des données à la communication de cette manière
:
1) Données< = mise en capsule <=
2) Informations = mise en forme <=
3) Savoir = mise en stock <=
4) Connaissance = mise en flux <=
5) Intelligence = mise en influence <=
6) Communication = mise en commun
Selon lui, celui qui ne doute plus ne cherche pas. Et celui qui n’est
pas curieux voit mais ne comprend pas. Douter et être curieux seraient
donc des qualités indispensables pour s’investir dans l’Intelligence
économique.
Madame Laurence ARTAUD, Chargée de
mission en Intelligence économique à l’Assemblée
des CCI (ACFCI), a commencé son intervention en essayant de définir
le terme très récent d’Intelligence économique.
Il a été utilisé pour la première fois dans
le rapport « Martre » (1994) intitulé « Intelligence
économique et stratégie des entreprises ». Madame
ARTAUD considère que l’Intelligence économique désigne
avant tout un comportement ou une approche culturelle plutôt qu’une
discipline. Selon elle, de nouveaux impératifs sont apparus depuis
le rapport Carayon (2003) :
- le passage d’une économie industrielle à une économie
des connaissances ;
- l’importance du lien territoire-compétitivité ;
- le rôle du collectif à travers les réseaux
Depuis mars-avril 2004, il est question d’une « Intelligence
économique territoriale », c’est-à-dire une
nouvelle stratégie consulaire, qui se doit entre autres de protéger
le patrimoine économique.
Monsieur François COLSON, Directeur
de l’Institut National d’Horticulture (INH),
a pris l’exemple du pôle végétal en Anjou pour
dégager quelques enjeux pour l’Intelligence économique
associée à ce domaine :
- la mondialisation des échanges ;
- les attentes des consommateurs ;
- l’innovation technologique ;
- la transmission des entreprises ;
- la cohésion sociale et territoriale
L’idée est de créer un pôle de compétitivité
qui permettrait d’organiser le système de gouvernance, de
produire des connaissances adaptées et de mettre en œuvre
des actions d’influence.
Discussion sur « Intelligence économique : méthodes et outils des PME »
Monsieur Jean-Philippe MOUSNIER, Sociologue,
Directeur associé du cabinet SISYPH, Responsable du programme EDDIE,
a proposé une première approche de l'Intelligence économique
dans les PME, en partant du besoin de l’entreprise :
- une définition stable de l’Intelligence économique
;
- un modèle conceptuel permettant d’en délimiter le
champ et les usages ;
- une base d’expériences « exemplaires » ;
- un catalogue raisonné des outils disponibles
Ce qui existe actuellement se résume à :
- une définition en cours ;
- le modèle de management par l’Intelligence économique
de l’Association Française de Développement en Information
Economique (AFDIE) ;
- le logiciel d’auto-évaluation IE FOCUS développé
avec la société SISYPH ;
- plusieurs associations travaillant à l’élaboration
d’un inventaire des bonnes pratiques et des bases exemplaires
Le cabinet SISYPH est le premier à miser sur la double compétence,
à savoir l’Intelligence économique et le développement
durable.
Monsieur Hervé CHEVALIER, Directeur
de COVIGILANCE, a parlé des freins et motivations à l’Intelligence
économique en entreprise. Le premier frein serait une mauvaise
identification du pourquoi de la démarche d’Intelligence
économique. Le deuxième frein serait lié à
une diffusion négligée. Le troisième frein viendrait
d’un manque d’analyse et de connaissance des menaces pour
son entreprise. COVIGILANCE propose quelques solutions pour faire face
à ces freins :
- mieux définir les questions ;
- responsabiliser par thème ;
- constituer des binômes ou trinômes ;
- dissocier « collecte » et « analyse » ;
- valoriser les « analystes »
Monsieur
Laurent BALEYDIER, frère du PDG de
KARTOO, a montré quelques sites utiles dans le cadre d’un
travail de veille. D’abord, « Kartoo », méta-moteur
de recherche, présente ses résultats sous forme de cartes.
Ensuite, « Ujiko », nouveau moteur de recherche fait en collaboration
avec Yahoo, permet de choisir soi-même la pertinence des sites consultés.
Aussi, « Kartoo veille » est un service payant destiné
aux chargés de veille leur permettant de constituer des dossiers
de veille et les réorienter vers des adresses mail spécifiées.
Ce service est présenté à cette adresse : http://www.kartoo.net/e/fr/demos-veille.html (NDLR : KartOO métamoteur de recherche à interface cartographique et interactive édité par KartOO S.A est fermé depuis le 23 janvier 2010)
Monsieur Yves SIMON, PDG d’AMOWEBA
devenu depuis quelques jours Social computing, a d’abord parlé
de l’outil Mapstan, qui peut être utilisé sur le site
www.societe.com par
exemple.
Il permet entre autres de connaître les liens existant entre différents
dirigeants ou entre différentes sociétés et de mettre
en place une veille sur les entreprises et les dirigeants.
Voici le compte-rendu des différentes interventions de cette matinée.
A noter qu’un annuaire des Pays de la Loire sur l’Intelligence
économique et la veille était mis à disposition de
tous les participants.
Corinne Feurprier 30 septembre 2004